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Moon, 2009

Publié le 23 Août 2013 par Rodrigue Trano

Moon, 2009

Note: 9/10

Si l'on m'avait dit, avant que je ne découvre ce film, que Duncan Jones, alias David Bowie Jr, était réalisateur, j'aurai été surpris. Mais si j'avais en plus découvert qu'il était à l'origine d'un des cinq meilleurs films du XXIème siècle, j'aurai alors émis de sérieux doutes. Non pas que je sois insensible à l’œuvre de son illustre géniteur, non, mais l'effet "fils-à-papa/parachutage" m'a toujours quelque peu rebuté. Mais ça, c'était avant de découvrir "Moon", et nous allons voir pourquoi.

Premier (!) film de Duncan Jones, sorti en 2009, Moon dépeint la vie solitaire d'un employé de la société Lunar. Celle-ci exploite la Lune et son minerai afin de fournir à la Terre une source d'énergie propre. Sam Bell (Sam Rockwell, saisissant) est chargé de contrôler le bon fonctionnement des "moissonneuses", sortes de véhicules automatiques récoltant le minerai lunaire. Il est aidé dans sa tache par une intelligence artificielle, GERTY. Sam Bell sera bientôt relevé lorsque survient un problème: il découvre un "autre-lui"... Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher l'intrigue de l'histoire.

Pour pleinement apprécier cette véritable pépite qu'est "Moon", il faut déjà savoir qu'il n'a eu recourt à aucun effet spécial numérique. Ce qui peut paraître comme une prouesse technique au vu du rendu. La surface lunaire adopte une esthétique totalement réaliste, désaturée et hyper contrastée. Pour ce qui est des décors de l'intérieur de la base lunaire, leurs simplicité, leurs monochromie ne sont pas sans rappeler un chef d’œuvre d'autant plus incontournable qu'il est gravé dans l'inconscient collectif: 2001. Les références sont en effet incessantes: décors, couleurs, le thème de la solitude, GERTY, etc. Mais là où "Moon" se transforme en petit chef d’œuvre du septième art, c'est justement dans son émancipation vis-à-vis du mythe 2001. Car en effet, si les références sont nombreuses et les hommages omniprésents, "Moon" n'est pas un film-plagiat. Il prend à son compte le parti de raconter l'histoire d'une société aussi impitoyable que malheureusement inchangée, dans ce qui semble être un futur proche. De plus, on ne retrouve pas la thématique de l'intelligence artificielle dangereuse (GERTY étant même très "expressif" au travers d'un écran affichant des smileys, reflet de ses "émotions"). Et là où 2001 se posait en un opéra sur l'évolution de l'humanité, "Moon" se fait, à l'inverse, le miroir d'un manque d'humanité de la société, un thème que l'on retrouvera par la suite dans ce qui demeure (pour l'instant) le deuxième et dernier film de Duncan Jones: "Source Code" (2011).

Le film vaut également par la sublime bande originale signée Clint Mansell, sans elle, le film eût été tout autre. Il profite aussi d'un jeu d'acteur d'autant plus surprenant que Sam Rockwell est, à peu de choses près, l'unique acteur du film, bien qu'il campe plusieurs personnages! La version originale bénéficie, et ce n'est pas anecdotique, de la voix inimitable du grand Kevin Spacey dans le rôle de GERTY. Le résultat est à la fois glaçant et excellent tant le timbre de la voix de Spacey réussi à imprimer une absence totale d'émotions chez le robot.

Enfin, à noter que le film ne manque pas non plus d'humour, la scène de ping-pong entre les deux clones en étant une illustration idéale. "Moon" se classe donc très favorablement à mes yeux, par le soin apporté à la pré-production, à la création d'une ambiance et d'une esthétique propres, par ses sublimes panoramiques lunaires et par une interprétation magistrale d'un acteur jusque là méconnu. Assurément un des cinq meilleurs films du XXIème siècle.

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