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Only God Forgives, 2013

Publié le 3 Octobre 2013 par Rodrigue Trano

Note: 8/10

Réalisateur: Nicolas Winding Refn

Genre: à définir

Dans la Thaïlande du XXIème siècle, Julian, un expatrié, dirige un club de boxe locale. Lorsque son frère, Billy meurt, leur mère, Crystal, se rend sur place pour exiger de Julian qu'il se venge de Chang, "l'Ange de la Vengeance", un policier aux méthodes expéditives. Commence alors une lutte sans merci.

Après l'excellent "Drive" (2011), qui avait marqué d'une empreinte indélébile et innovante l'esthétique cinématographique, et dont nous traiterons dans un prochain numéro, sort en 2013 "Only God Forgives". Même réalisateur (Refn), même acteur principal (Gosling), ce film est en quelque sorte une suite, autant esthétique que spirituelle, de "Drive". Voire même une suite toute court.

En effet, le réalisateur fait ici appel aux procédés qui firent le succès de "Drive": slow-motion, composition habile des plans (accentuée ici, se rapprochant d'un "Shining" par exemple), importance donnée aux éclairages (et donc aux contrastes), substitution du dialogue classique au profit du non-dialogue, réinventant la dialectique filmique, et, enfin, une violence rarement gratuite contrairement aux apparences.

"Only God Forgives" reprend donc à son compte ces éléments en les exacerbant toutefois. Le film serait, plus que "Drive", à rapprocher (selon les séquences) du cinéma expérimental. En ce sens, les scènes de traveling lent dans le club de boxe auraient tout à fait leur place dans un film de David Lynch, dans "Lost Highway" par exemple. De même, les plans mettant en scène les filles du club, immobiles telles des poupées, sorte de "photographie en mouvement", par leurs compositions extrêmement travaillées, seraient, eux, à rapprocher de l’œuvre de Stanley Kubrick, et notamment "2001. l'Odyssée de l'Espace", "Shining" et "Eyes Wide Shut".

Peut-on toutefois, après avoir abordé la thématique de la suite esthétique/spirituelle, parler de suite narrative? Oui et non. En dehors du personnage de Julian, campé par Gosling, aucun autre personnage ne rattache "Drive" à "Only God Forgives". Pourtant, ce dernier pourrait constituer une fin alternative à "Drive", où le personnage principal, ayant survécu, s'exilerait en Thaïlande. Les similitudes entre les deux personnages interprétés par Ryan Gosling (mutisme, accès de violence soudains, principes moraux) laissent en effet entrevoir une telle possibilité. De même, le visage boursouflé de Julian rappelle inévitablement le masque du cascadeur de "Drive". Mais il ne s'agit là que d'une pure spéculation de ma part.

Que dire du reste du film sinon que le casting restant, et notamment Kristin Scott Thomas ainsi que Vithaya Pansringarm campent des personnages terrifiants, égaux dans la violence, et que seuls les principes moraux distinguent? Le film est, par ailleurs, principalement axé autour de ce trio autour duquel gravite la narration.

Enfin, le film est idéalement desservi (une nouvelle fois) par une bande originale éclectique, où se mêlent musique abstraite (encore un hommage tout kubrickien), d'ambiance, électro, classique et, de façon intradiégétique, karaoké thaï. Le seul bémol serait le démarrage de la musique précédant le combat entre Julian et "l'Ange de la Vengeance", mal modulée et contextualisée.

Pour conclure, nous pouvons donc dire, sans trop nous tromper, que "Only God Forgives" est à ranger dans la catégorie des films à voir, ce qui est de plus en plus rare de nos jours à ce niveau là. Le film se meut à la frontière de l'expérimental, par sa narration non-linéaire, et du film noir par son intrigue, des plus glauques. Il se veut également un hommage à ses illustres références: Lynch, Kubrick, voire Scorsese (After Hours). Il constitue, de fait un régal cinéphilique, d'où sa note.

Only God Forgives, 2013
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C
brillante analyse!100 pour 100 daccord!
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